Si depuis 2003 Ken Mode a bien roulé sa bosse, jusqu’au parfait, absolument parfait Venerable sorti en début d’année 2011, il l’a fait sans délit de flemme. Quatre albums en neuf ans et pas mal de tournées ont donné un sens à l’un des noms en apparence les plus cons du moment. Kill Everyone Now Mode (ce n’était que ça, une vieille citation de Henry Rollins) sort Reprisal en 2006, 3 ans après ses premiers pas dans le music business (Mongrei), et finit son échauffement dès le second tour de platine. Reprisal, comme Mongrei puis comme le seront à leur manièreMennonite et Venerable, respire une bonne partie des influences autoproclamées du trio (Dazzling Killmen, Botch, Drive Like Jehu, Unsane, etc.). Et comme sur les trois autres, le génie de l’assemblage prime sur l’originalité des pièces choisies. On en bouffe du Unsane et du Botch, on en devine du Deadguy et du Dazzling Killmen, n’est-ce pas ? Gardez de la place les jeunes, parce que ces Canadiens avaient déjà tout compris au jeu des influences tournantes. Ken Mode ne rejoue pas un aïeul, mais il l’accapare. La nuance est si forte qu’elle fait passer un album de l’état de redite à celui de grâce. A la fois hardcore chaotique, noise rock et postcore dans son sens le plus noble, le groupe a fini par se faire une place de luxe au milieu de toutes ses références. Alors que par la suite le groupe sera du genre à nuancer son côté bûcheron d’une scie sauteuse puis, enfin, de longues accalmies – orageuses -,Reprisal laisse parler la poudre, semble guidé par les extraversions de son batteur (une espèce de pieuvre surexcitée, de la famille de Brann Daylor de Mastodon) et solidifié par la rigueur arithmétique de Jesse Matthewson, son guitariste chanteur. Bref, bientôt, il y aura des groupes influencés par Ken mode, et c’est tout.
(2006 – CD : Escape Artist Records – LP : No List Records)
